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La pluie

Vous voici enfin calme et dévoué au dénouement. Votre machine de corps se pose et se détend. L’esprit peut paisiblement se délasser et se laisser couler dans ses profondeurs. Vous n’avez plus du monde extérieur que le son de ma voix. Vous pouvez vous abandonner et même fermer les yeux si vous le voulez. Laissez donc s’envoler les mots et les idées. Ma voix vous berce et vous guide. Vous savez qu’elle est bienveillante et apaisante. Vous vous laissez emporter par son tirant d’aile. Vous l’écoutez et votre esprit prend de la hauteur. Vous prenez la mesure d’un vol d’oiseaux, de la vitesse du vent et de la caresse d’un rayon de soleil. Huit minutes de décalage horaire entre un soleil et une poussière d’étoile, cela suffit pour faire d’une étincelle un grand brasier et donner la fièvre à tout un univers. Vous êtes le petit centre chaud de votre parabole, l’unique et solidaire foyer où se consume tout l’oxygène nécessaire à la combustion transmutatoire d’un état brut à sublimé. Vous réduisez votre matière grise à néant philosophique. De cette épure il ne restera que des cendres et un joyau. On ne peut pas remplir une cruche déjà pleine. Il vous faut vider votre dernier verre et attendre qu’il pleuve pour comprendre le vin. Une goutte en appelant une autre, jusqu’à la goutte de trop où tout vous déborde comme des larmes d’impuissance moléculaire en réaction. Qu’importe l’imperméable ou l’éponge, de toute façon, il va pleuvoir et c’est ce que nous attendons. Videz votre dernier verre. Vous n’êtes pas du genre à faire dans la demi-mesure. Alors, maintenant, laissez votre curiosité s’abreuver à un autre élixir. Une vérité pleine et entière parmi des milliers, certes, mais une vérité qui ne vous laissera pas le gosier sec. Votre curiosité naturelle est un don du ciel. Le vilain défaut qu’on lui prête n’est pourtant pas à confondre avec l’indiscrétion ou la morale de l’intimité. Non, votre curiosité est saine. Laissez-la me suivre sur ses quelques lignes. Je vous promets de vous la rendre sans dommage et même d’y gagner quelque chose de rare et de précieux. Car vous faites d’ores-et-déjà preuve d’une grande ouverture d’esprit en m’écoutant ainsi. Vous n’avez pas peur des courants d’air ni des portes qui claquent. Rien ne saurait vous troubler en cet instant. La paix est sur vous et la tempête est encore loin. Elle viendra bien-sûr, mais elle ne vous surprendra pas. Vous l’attendez sans résistance et sans patience. Il fait si chaud. La chaleur colle à la peau et les corps soupirent de lassitude. L’orage couve et le ciel dense menace les orgueilleuses tours de la cité. Mais tout est calme. Vous êtes calme. Le vent dans les arbres s’étire, enfle, gonfle et respire de plus en plus fort. Tout gémit et réclame l’absolution. La pluie. Alors, videz votre dernier verre et laissez-vous griser à la vacuité de l’instant présent en ma compagnie. Car je suis, là, en cet instant précis, dans cet horizon avec vue sur l’espace infini. Et vous souriez, à l’idée qu’on a failli pleurer, en buvant la moitié d’un verre vide…

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